Mardi 23 février 2016 à 20h30
Mercredi 24 février 2016 à 19h00
Jeudi 25 février 2016 à 14h30 complet
Vendredi 26 février 2016 à 20h30
Samedi 27 février 2016 à 20h30

Après la guerre de Troie, au cours de laquelle Achille a tué Hector, la femme de ce dernier, Andromaque, est réduite à l’état de prisonnière avec son fils Astyanax par Pyrrhus, fils d’Achille. Pyrrhus tombe amoureux d’elle alors qu’il doit en principe épouser Hermione, la fille du roi de Sparte Ménélas et d’Hélène.
Une guerre ne finit pas vraiment, elle de déplace seulement, change d’espace. Ici, pour la deuxième génération elle se prolonge sur le terrain de l’amour.

La structure d’Andromaque est celle d’une chaîne amoureuse à sens unique. Une mécanique tragique exemplaire résumée par la ritournelle célèbre de Louis Jouvet : Oreste aime Hermione qui ne l’aime pas, qui aime Pyrrhus qui ne l’aime pas, qui aime Andromaque qui ne l’aime pas, qui aime un mort… Soumis à l’incandescence de leurs passions, au poids du passé dont il faut s’arracher, les protagonistes ne peuvent recourir ni à la sagesse, ni à la morale ; ils ne cherchent jamais à se consoler ou à modérer l’intensité mortelle de leurs joies et de leurs souffrances. Ils sont condamnés à vivre dans le malheur le plus pur, le plus absolu, ballotés entre passion et devoir. Andromaque est aussi la tragédie du dilemme.

C’est avec une extrême tendresse, teintée d’enfance, que se révèlera la cruauté des enjeux et des aliénations : chuchotements et effleurements brûlants, portant en eux un désir, une aversion, une blessure, un secret. L’enjeu profond du rituel tragique c’est ce que les personnages vont perdre, juste sous le regard du public. Pour l’acteur, le temps du drame devient un exercice de vérité. Chaque scène doit être engagée comme un dernier coup de dés, comme un dernier appel et une ultime prise de risque.

 

Les étudiants de master en parcours « rédacteurs professionnels »d’Aix-marseille Université ont assisté à la répétition générale d’Andromaque, lundi 22 février. Ils nous livrent les exercices de style que cette expérience de spectateurs privilégiés leur a inspirés. Voir les textes A propos d’Andromaque
Extraits :

« Je me souviens qu’au sol des traits blancs reliaient des noms, dessinant une généalogie symétrique aux racines divines.
Je me souviens que des ombres planaient sur les personnages. Elles enrobaient les profils troubles des filiations, des êtres manquants. Elles assombrissaient la scène de désespoir.
Je me souviens qu’être esclave de, prisonnier de ou dépendre de, demandait aux personnages des concessions intolérables.
Je me souviens de Pylade, de Cléone, de Céphise. Ami et confidentes. Désolés et peinés.
Je me souviens d’Hermione accablant Oreste. De leurs rages désespérées. »
Christophe Delahaye, A la manière de Perec

« En amour, comme à la guerre, tous les coups sont permis. Vengeance, chantage, traîtrise, manipulation, lâcheté. Rien ne peut arrêter un coeur emprisonné, désespérément voué à l’adoration d’un autre. Tu assistes à leur perte, sous le poids oppressant d’une destinée, d’une fatalité contre lesquelles les Hommes n’ont aucun pouvoir. Oui. Aimer jusqu’à haïr. Aimer jusqu’à tuer. Aimer jusqu’à mourir. Entre amour et haine, la frontière est si fine et la tentation si forte. […] L’amour est un mystère. Il choisit ses cibles. Il s’abat sur elles sans qu’elles ne l’aient voulu, telle la misère sur le monde. Non, l’amour n’est pas un choix. L’amour est une fatalité contre laquelle l’Homme n’a pas les moyens de lutter. Hier déjà, aujourd’hui encore et demain… Qui sait ? »
Sossé Oumédian, Ô Zeus, Dieu du ciel et maitre des la destinée

« Colonne 2
Avez-vous remarqué ? Ils trimballent leur conscience comme un sac de pierres. Elle est là à s’agiter dans un coin. Soit elle cherche un autre chemin, soit elle voudrait y aller tout droit, pour que tout s’arrête plus vite. Ils la chassent. Mais elle revient à chaque fois avec un peu plus d’oppression ! Allez ! Un peu plus d’espoir ne ferait pas de mal de temps en temps ! […]

Colonne 2
Regarde-les ! Dans leurs tenues d’enfants gâtés du XXème siècle, ils sont encore moins bien armés que leurs ancêtres ! Ils veulent sourire à la vie ! Comment pourraient-ils trouver une autre issue ? Ami, confidente, suivante, ne les entendent-ils pas ? Ils sont là pourtant pour les guider, les épauler. Depuis tant de siècles, rien n’y fait ! Amour impossible, devoir imposé. Si un petit espoir, une petite lueur les menaient sur une autre voie ? […]

Fronton
Effectivement, ils ne le savent pas encore, mais ils vont souffrir. Et ils n’aiment pas cela ! Pourtant il le faut ! Avez-vous entendu leur conscience ? Comme ils sont empêtrés d’eux-mêmes ! C’est l’époque qui veut ça sans doute ! Ils côtoient la folie et l’inconstance.

Colonne 1
Ils ont peut-être encore plus peur que leurs prédécesseurs ? Une peur insurmontable d’eux-mêmes, de leurs ancêtres, de cet amour qui les déchire… ? »
Myriam Lequeux, (Destins) Gravés dans le marbre !

 

 

 

Durée : 2h

Création universitaire avec des étudiants du département théâtre d’Aix Marseille Université

Mise en scène : Frédéric Poinceau
Hermione 1 : Chloé Humbert
Hermione 2 : Alexia Chardard
Andromaque 1 : Clarisse Arnaud
Andromaque 2 : Youssra Mansar
Oreste 1 : Alexandre Peyron

Oreste 2 : Charlène Juvé

Pyrrhus 1 : Baptiste Adelmar
Pyrrhus 2 : Romain Henry
Cléone : Maéva Mortemousque
Céphise : Stéphanie Léon
Pylade : Simon Durand
Phoenix : Olkan Servellera
Scénographie : Alexia Chardard / Simon Durand
Création son : Damien Franceschi / Vivien Berthaud
Création lumière : Thomas Fehr

Assistants à la mise en scène : Claire Viscogliosi, Cédric Trouche
Dramaturgie : Quentin Delplanque
Costumes : Elise Py, Agathe Pépiot
Médiation et communication : Marina Lovalente