Mise en partage de textes lus par leurs auteurs dans des formats de lectures peu théâtralisés – présentation coordonnée par Arnaud Maïsetti.
Il n’est pas commun d’avoir la chance d’entendre des textes mis en voix par ses auteurs. Le Théâtre Vitez propose le temps d’une soirée d’entendre des textes écrits par des étudiants à l’issue d’un atelier d’écriture « En face » conduit par Sonia Chiambretto, et dirigé par Louis Dieuzayde.
Trois auteurs professionnels : Didier Da Silva ; Maxime Reverchon et Anne Houdy partageront la lecture de leurs textes sous la conduite d’Arnaud Maïsetti.
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En face
Atelier d’écriture dirigé par Sonia Chiambretto
Mise en voix et en espace de Louis Dieuzayde et de Sonia Chiambretto
Assistanat écriture et mise en scène d’Antoine Aresu
Lumières de Sasha Pautler et de Benjamin Salignon
Avec les étudiants en Arts de la scène : Léo Barret, Manuela Castano, Tina Carouge, Louis Carpentieri, Manon Peloin-Desgranges, Mathilde Gaudard, Ilian Nageli, Julien Odinot, Perrine Piffet, Antoine Richard, Leïla Saïdani, Tézya Tschaenn, Dorian Vilhet
Extrait :
MANON. — J’ai grandi dans un arbre. Dans un champ. Dans une grange. J’ai grandi comme Mowgli et Tom Sawyer. D’aventures à l’air libre. De baignade dans les ruisseaux. De taillage de bois. De fabrication d’armes. D’escalade. Et de chutes. De blessures anodines. À la flèche dans l’œil. – Tina mime le geste – Furtivement. Des goûters à 16h. Des caches-caches à minuit. Du vélo le matin. De quelques dribbles aussi. Je dors sur la route quand le soleil la chauffe. J’ai fait de la vie mon terrain de jeu. J’ai grandi loin des villes. Dans une maison où l’on rit.
Un pas.
Aujourd’hui. C’est une maison vide. Que le monde. Abandonne.
D’abord le père. Promesse. Non tenue. De la mère. Qui. Aurait voulu. Que. Quand. L’un des deux. S’en va. L’autre. Vende. La Grande Motte.
Puis la fille. Moi. Seule. Endroit. Je dois. Il faut. Possible. Aix.
Et la mère. Qui. Pour. Ne pas. Voir. Partir. Le fils. Aussi. S’exile. Nîmes.
Et le fils. Encore. Un peu. Là. Moins. Quelques heures. Par semaine. Tout au plus. Montluçon.
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Anne Houdy, Mes jacques (avec une postface de Jacques Rebotier), Harpo & 2020, suivi de Classer jacques (inédit)
Anne Houdy est née à Tours dans une famille de musiciens. Elle a vécu de nombreuses années au Canada. En 1977, après des études au Conservatoire National de musique du Québec elle entre au Conservatoire d’Art Dramatique. De retour en France en 1984, elle passera par le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Anne Houdy a travaillé comme comédienne au théâtre du Trident à Québec et plus récemment avec Célie Pauthe au Théâtre National de la Colline à Paris. Le théâtre la mène peu à peu vers l’écriture de textes dramatiques puis vers la poésie. Elle dirige aujourd’hui des lectures, anime des ateliers d’écriture théâtrale et de poésie contemporaine avec le Centre International de Poésie de Marseille. Mes jacques est son dixième ouvrage.
Maxime Reverchon, Facéties (inédit)
Maxime Reverchon est né en 1991 dans la montagne du Jura. Il étudie la dramaturgie à la faculté d’Aix-en-Provence, et finance ses études en travaillant comme acteur dans différentes compagnies marseillaises. Certaines personnes reconnaissent encore aujourd’hui dans son visage les traits de la figure publique que fut son acteur (2006-2015). Ces dernières années, à Marseille, il édite le journal du quartier, participe au montage d’une radio de quartier, constitue un costumier pour les fêtes de ce même quartier. Il mène aussi des entretiens sur l’exploitation des ressources humaines, le travail gratuit et la violence salariale dans le milieu culturel/associatif/bénévole. Ses écrits ont été mis en scène par Francois Michèle Pesenti et Franck Dimeck (2014 ; 2016), publiés en revue (le cahier du refuge, L’Institut de la mécanique des turbulences, Freeing our body, La Veille, La Vie Manifeste), ou bien lus en public à la maison du peuple de Saint-Claude, à l’école des beaux-arts de Besançon, au théâtre du Petit Matin.
Présentation des Facéties : Au lieu où la bourgeoisie se donne en spectacle il y a des intrigues rudimentaires. Intrigues que les valets viennent interrompre. Il y a donc des rudiments d’intrigues interrompues et puis l’errance, les mirages, l’attente sur laquelle débouchent les valets (comme s’ils avaient pour seule fonction que celle, divertissante, d’interrompre leurs maîtres). Cependant, sur quoi l’interruption du spectacle bourgeois pourrait-elle déboucher ? Je l’ignore à peu près. Il y a du moins quelques pratiques qui posent la question de savoir comment atterrir (et sans savoir où, a priori) : Faire des jeux de mots, des calembours, poser et résoudre des devinettes, des énigmes, parler avec les mains, lire sur les lèvres, ourdir et déjouer des ruses, changer de vêtements, porter des parures, trouver des parades, pousser des ritournelles, chercher des chiffons de couleur, arpenter la métropole et ses périphéries. De ce long et silencieux entretient avec les fantômes, les voix des personnages de la commedia dell’arte, il en résulte un livre désordonné, un feuillet délié qui contient les fragments et la matière d’une improvisation désirable ( quelque part à la marge du livre, quelque part hors des salles de spectacle).
M.R.
Didier Da Silva, « Froid comme la » (inédit), et autres textes endeuillés
Didier da Silva est né en 1973 et a fait paraître son premier roman, Hoffmann à Tôkyô (Naïve), à l’âge où d’autres sont crucifiés. Le temps de s’en remettre, ont suivi, chez L’Arbre vengeur, L’ironie du sort (2014) et Toutes les pierres (2018). Il a également publié un bref hommage à un film de chevet (Louange et épuisement d’Un jour sans fin, Hélium, 2015), un copieux éphéméride (Dans la nuit du 4 au 15, Quidam, 2019) et le roman d’un tournage et de son auteur (Le Dormeur, Marest, 2020). Il aime jouer avec les faits, leur drôlerie plus ou moins volontaire, leur fantastique mélancolie ; il aime par-dessus tout le cinéma et la musique, arts du temps.
L’auteur proposera une lecture de « Froid comme la » en entier ; de deux chapitres de La Mort de Masao, (éds. Marest, 2021) et un chapitre de Home cinéma (Van Loo, 2022)
– tarifs : de 0€ à 8€
✓ Pass Vitez : entrée libre
✓ Étudiant Pacte’AMU : 3€
✓ Tarif plein : 8€
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