Ici,
Là-bas,
Comme si,
Comme ça.

Ici,
C’est là qu’on est.
On connaît bien.
Mais on ne sait rien.
Autour de nous, ça parle
Sans cesse,
A tort et à travers.
On en entend tellement
Et on a si peu de pouvoir
Que tout est, en définitive,
Brouillé, secret.
C’est si transparent,
Qu’on ne voit rien.
Seuls les souvenirs tiennent
Mais ce sont des objets désuets
Et de la pensée morte.

Là-bas,
Il y a souvent la guerre,
La barbarie,
La pauvreté la plus injuste,
Le pouvoir le plus sanguinaire
La beauté aussi,
La surprise des paysages
Et des chants.
Là-bas, l’Histoire semble plus vive
Le réel plus palpable,
Plus transformable aussi.
Là-bas nous appelle.
Triple est sa voix :
Culpabilité,
Envie de nouveau,
Espoir de devenir riche.
Certains écoutent les voix.
Les jeunes.
D’autres non.
Moi, qui suis vieille, non
Ancrée dans une élite usée.

L’art,
Le théâtre,
Qu’est-ce qu’ils peuvent ?
Qu’est-ce qu’ils doivent faire
Envers ici et là-bas
Aujourd’hui ?
La réponse de la saison :
Créer de la polyphonie
Faire résonner le réel multiple.
Interposer entre le monde et nous
La réalité propre des oeuvres
Leurs artifices.
Emprunter des filtres divers pour faire voir
Un réel plus crédible sinon plus vrai.
Il y a deux chemins possibles :
Le vrai et le faux
Raconter des mensonges lumineux
Ou témoigner méticuleusement
De ce qui se sait
Mais qui difficilement se conçoit.
Fiction, documents
Emotion, débat
Comme si,
Comme ça.

Danielle Bré