Vendredi 16 février 2018 à 15h00
Vendredi 16 février 2018 à 19h00

Attention cette lecture remplace la version mise en scène de Bianca, un petit roman Lumpen initialement prévue à la même date et par la même compagnie. 

Lecture en entrée libre après une résidence

Le titre est un peu long, certes, mais il nous permet d’éclairer le choix de ces nouvelles. Et de les questionner à partir d’un même point de vue. S’agit-il de rester ou d’échapper par exemple ?
« J’ai mis au point des centaines de stratagèmes pour rester en ce monde » déclare l’un des personnages de Miljenko Jergovic. Nous avons remplacé « rester dans ce monde » par « rester dans cette histoire ».

Cette histoire, c’est d’abord l’Histoire. Ces nouvelles se font écho autour des réponses très concrètes et inattendues qu’inventent des individus soumis aux violences de l’Histoire (la pénurie à Cuba, la guerre des années 90 en Bosnie) ou de la vie en général : la mort, la vieillesse.

C’est aussi l’histoire de chacun, qui trouve à sauver sa vie ou à se faire une belle mort, à sa manière, lorsqu’il se retrouve seul, et qu’il dit “je”, dans la marge d’action réduite que lui laisse la situation, mais bien loin des comportements stéréotypés souvent attendus ou médiatisés lors de ces évènements. L’invention y est parfois plus ou moins consciente, on ne sait pas par exemple si Alborada Almanza, le personnage de Padura, rêve, hallucine ou meurt, ou les trois à la fois, mais nous tenons que les stratagèmes de l’inconscient appartiennent à l’invention des individus. Le résultat est une mort « heureuse » où les désirs de l’héroïne sont à peu près satisfaits.

Et l’invention est la création des écrivains, Leonardo Padura et Miljenko Jergovic, qui inventent ces histoires, leur écriture, leur forme, et leurs souterrains allers-retours entre réalité et fiction.

Les livres

  • Le Jardinier de Sarajevo de Miljenko Jergovic
    Titre original : Sarajevski Marlboro. Recueil de 29 nouvelles paru en 1994 à Zagreb, et en 1995 chez Nil Editions, traduit du bosniaque par Mireille Robin. Réédité en Poche Babel par Actes Sud. Il a reçu le Prix Erich Maria Remarque. A noter : le livre paraît à Zagreb en 1994, alors que la guerre n’est pas finie. Elle sera terminée en 1995 et le siège de Sarajevo sera levé en février 1996.
  • Ce qui désirait arriver de Leonardo Padura
    Titre original : Aquello estaba deseando ocurrir. Recueil de 13 nouvelles, paru en 2016 aux Editions Metailié, traduit de l’espagnol (Cuba) par Elena Zayas. Le titre reprend une citation de Marc Aurèle.

Les 4 nouvelles

  • La mort heureuse d’Alborada Almanza
    Alborada, vieille et affamée, rêve d’un matin sans restrictions alimentaires et savoure le café et les gâteaux dont elle a été privée pendant des années de pénurie, en dialoguant avec un bel archange viril qui va l’emmener au paradis.
  • La tombe
    Où l’on apprend entre autres ce qu’est un vrai cimetière et l’histoire des Marlboro de Sarajevo racontée par un Sarajévien à un journaliste américain obsédé par son scoop. Le titre original de la nouvelle, Les Marlboro de Sarajevo, a donné son nom au recueil en bosniaque.
  • Le jardinier
    Celui-ci laisse tomber la philosophie et préfère planter des carottes et des salades lorsque sa femme est tuée par une bombe durant le siège de Sarajevo.
  • Diagnostic
    Salih F., après avoir vu sa famille massacrée par les tchetniks, et s’être fait tabassé dans divers camps et prisons, trouve la tranquillité dans un hôpital psychiatrique où les médecins tentent de diagnostiquer son état de choc.

ENTREE LIBRE
Lecture après une résidence

séance de 19h suivie d’un bord de plateau animé par Louis Dieuzayde

Compagnie Ma voisine s’appelle Cassandre, Marseille
Mise en scène Nanouk Broche
Avec Sofy Jordan Maude Buinoud, Marie-Pierre Hoareau, Sylvain Eymard
Lumières Jean-Luc Hervé

Lecture des nouvelles extraites de
Le Jardinier de Sarajevo de Miljenko Jergovic
Ce qui désirait arriver
de Leonardo Padura

Représentations suivies d’une discussion avec l’équipe artistique.