Mardi 30 janvier 2018 à 20h30

Sur scène, un plasticien/vidéaste et un acteur nous proposent de partager deux des dernières œuvres de Marguerite Duras, C’est tout et La pute de la côte Normande. C’est l’heure où, pour elle, écrire et finir sa vie sont quasiment la même chose, ensemble noués à un dernier amour qui consomme la séparation et la finitude. Un spectacle qui s’est saisi avec une grande justesse du geste d’écriture de Marguerite Duras et nous fait vivre l’expérience singulière de cette vieille femme avec une grande tendresse et simplicité.

A propos de C’est tout

C’est tout est le dernier livre de Marguerite Duras publié de son vivant en 1995. On pense, en le lisant, à L’Ecclésiaste. Dans une forme désarmante de simplicité, qui passe du journal au dialogue, Marguerite Duras crée une confusion émouvante de la parole amoureuse qui est aussi la parole de la séparation. Du départ. Une parole aussi initiatique que testamentaire. Tandis qu’elle meurt, elle continue de nommer, comme elle l’a toujours fait. Une écriture qui se déploie comme on parle, une écriture où le rythme est très proche de celui de la parole. La pensée devient corps et souffle du texte. Ce livre s’est fait avec la complicité de Yann Andréa qui a recueilli ses propos. Yann Andréa est également le protagoniste des incises de dialogues dans le texte. Sa présence est manifeste et cependant, il semble ne pas être là. Seuls demeurent les mots dits par Marguerite Duras. Ses mots deviennent des actes, ils se confondent avec son souffle, celui d’une femme qui peine à respirer mais qui a toujours considéré l’écriture comme la restitution d’une langue habitée par le souffle, au sens hébraïque du terme, qui recouvre tout aussi bien la voix que le vent et une certaine idée de la vanité. En ce sens, C’est tout est un texte qui non seulement supporte mais encore appelle, en l’état, une adaptation « théâtrale ».

A propos de La Pute de la côte normande

La Pute de la côte normande a été publié 10 ans auparavant, en 1986. C’est un roman qui surprend par sa forme extrêmement courte, comme une notice qui introduirait le roman. Sa forme introspective supporte également une adaptation théâtrale en l’état tant la parole qui s’y découvre est dite au présent. Marguerite Duras y expose ce qui touche à ce qu’il y a de plus puissant en elle, dans son corps de femme qui écrit et qui transforme et transcende tout ce qu’elle vit en énergie créatrice pour écrire encore. Ce livre met en scène Marguerite Duras et Yann Andréa dix ans plus tôt que C’est tout. Tandis qu’elle tente d’écrire, Yann crie. La Pute de la côte normande est tout à fait fraternel avec C’est tout. Parce qu’elle y nomme l’injustice qu’elle ressent dans un premier temps face aux hurlements de Yann puis qu’elle découvre au fur et à mesure que le livre se fait, que Yann a raison de crier ainsi. Là se joue la reconnaissance de leur lien singulier. Là, les masques tombent et l’innocence est consacrée.

Patrick Laffont par Mélanie Drouère
Développant un travail sur la corporéité qui ne peut être réalisé qu’avec une caméra, et reconnu pour son travail « au plateau » au plus près des interprètes et à l’impulsion de la dramaturgie, Patrick Laffont a collaboré avec Skalen, Hubert Colas, Lydie Jean-Dit-Pannel, Robert Lepage, Frédéric Nevchéhirlian, Yves-Noel Genod, Jean-Louis Benoît, Rodrigo Garcia, Thierry Thieu Niang, Benjamin Bertrand…, créant des dispositifs scénographiques, lumière et vidéo.
En 2016 il expose au Mucem où il réalise deux installations in situ autour de Beyrouth, collabore sur la création de Ctrl-X au théâtre de Poche à Genève où il signe le dispositif vidéo et les images ; crée la scénographie, le dispositif vidéo et les images de Mona d’Émily Loizeau, signe la scénographie les lumières et images de 4X11 pour Gildas Millin, Robert Cantarella et Alain Françon. Il expose à l’automne 2017 au Lux, scène nationale de Valence.

Nicolas Guimbard, comédien, auteur et danseur, s’est formé au Conservatoire Supérieur National d’art Dramatique et continue à travailler auprès des chorégraphes Cindy Van Acker et Régine Chopinot.
Pour le théâtre, il joue notamment dans les spectacles d’Hubert Colas  (Escapar de Sonia Chiambretto / Sans faim 1&2 / Hamlet) et Renaud Marie Leblanc (Pierre est un panda de Christophe Pellet, Doe (cette chose là) de Marc Antoine Cyr). Il travaille aussi avec Clyde Chabot, Christophe Honoré, Mireille Herbstmeyer, Thierry Thieu Niang, Christine Monlezun, Jean-Luc Terrade… Il écrit, met en scène et joue Matériau-X en 2012, spectacle pour lequel il collabore déjà avec Mari Mai Corbel et Antoine Davenne.
Avec Patrick Laffont, il crée Full au Point éphémère à Paris en 2015.

Ses dernières créations se sont tissées avec
– Liliane Giraudon (lecture de son texte l’amour est plus froid que le lac) à Montevideo en 2017 et co-écriture de la pièce Larves, en cours de production, mise en scène de Régine Chopinot.
– Antonella Fiori avec qui il a écrit et joué Brûler comme les oiseaux au Théâtre du Petit Matin (Marseille, novembre 2017)
– JL Verna, pour qui il danse Uccello, Uccellacci & The Birds à la Ménagerie de Verre (2017).

De Patrick Laffont, plasticien-vidéaste et Nicolas Guimbard, acteur. D’après Marguerite Duras

Tarifs : 16/8/4€