Jeudi 12 novembre 2015 à 14h30
Vendredi 13 novembre 2015 à 19h30

Trois femmes jouent/racontent cette chronique d’une guerre d’il y a cent ans, où les soldats étaient uniquement masculins. Elles sont jeunes. Comme ils l’étaient. Mais elles incarnent un présent, et un possible rapport à cette guerre.

Au centre, la jeunesse. La guerre est toujours l’exécution de la jeunesse. Elle exécute les jeunes gens. Et c’est eux qui la font. Des jeunes gens massacrés par des chefs pseudo-héroïques, livrés à des émotions premières et puissantes, la peur, le désespoir. La mort. Et les expériences limites qui leur sont liées :  l’alcool, le combat, la révolte, les jeux mortels et le défi.
Mais il y a la joie aussi, venue du soulagement d’être encore vivant, du soleil, des camarades avec qui on parle dans la beauté du paysage. De la lecture. Des chansons. Ou d’une blague de jeunes mecs, tout simplement. Aussi noire que soit cette guerre sur le plateau d’Asiago, il y a des trouées solaires, pleinement vécues, par des gens jeunes, avides de vivre à tout prix. C’est aussi le rapport qu’entretient un adulte, ici, Lussu, à sa propre jeunesse.

Dans son livre, deux armées face à face se disputent le même morceau de terre, comme dans toutes les guerres de tranchées. On suit le drame des trois ‘classes’ de protagonistes (soldats, grands chefs militaires, jeunes officiers) et son développement à travers des personnages repérables, magnifiques et contradictoires. Ça ne finit jamais. L’alternance assaut/repos, massacre/joie, routine/drames, s’exaspère ou épuise.


Emilio Lussu
est né le 4 décembre 1890, en Sardaigne.
Il est officier de réserve dans la Brigade Sassari constituée en grande partie de paysans et pasteurs sardes. En 1916, la Brigade est envoyée sur les collines autour d’Asiago pour créer un front qui résiste, quel qu’en soit le coût, à l’arrivée des Autrichiens à Vicence et à Vérone. Ces combats très sanglants se transforment en guerre de tranchées.
En 1933, exilé à Paris, il publie La Marche sur Rome et autres lieux  sur l’ascension de Mussolini, et en 1938, Un anno sull’Altipiano « chronique d’une année de guerre sur le plateau d’Asiago », 20 ans après les évènements qu’il avait vécus à 24 ans, porté au cinéma en 1970 par Francesco Rosi sous le titre Les Hommes contre, titre qui sera adopté par l’édition française.

Nanouk Broche
Comédienne et metteur en scène, enseignante en études théâtrales au Département Arts d’Aix-Marseille Université jusqu’en 2012, elle a créé en 1995 la compagnie « Ma voisine s’appelle Cassandre ». Ce nom dit la tension entre grands mythes et vie quotidienne, comique et tragique, trivial et sublime – il vient d’une chanson de MC Solar. Cette compagnie poursuit un travail sur le tragique contemporain, sur ce qui cristallise le moment tragique des Grecs à aujourd’hui : la traversée des contradictions.
Elle a récemment mis en scène Le dragon d’or de Roland Schimmelpfennig, Ces mots-là, un silence les aboie d’après Agamemnon d’Eschyle, et Making of, personne ne voit la vidéo, de Martin Crimp.

 

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Une année sur l’Altipiano – 1916-1917

D’après Les hommes contre d’Emilio Lussu
Traduction de Emmanuelle Genevois et Josette Monfort

Une création de la compagnie Ma voisine s’appelle Cassandre, Marseille
Mise en scène : Nanouk Broche
Assistante : Romane Pineau
Avec : Maud Buinoud, Marie-Pierre Hoareau, Sofy Jordan
Lumière : Jean-Luc Hervé, les orpailleurs de lumière
Régie : Vivien Berthaud

Spectacle en lien avec le colloque « Les Italiens et la Grande Guerre : de la guerre des idées à la guerre des hommes » organisé par Aix Marseille Université et le centre Aixois d’Etudes Romanes. Spectacle co-produit par la ville des Pennes-Mirabeau, accueilli en résidence par la ville de la Ciotat.

Spectacle labellisé par la Mission du Centenaire 1914/1918.